Allaitement position physiologique : guide étape par étape pour bien installer bébé
Maternité Épanouissante

Allaitement position physiologique : guide étape par étape pour bien installer bébé

Qu’appelle-t-on la position physiologique en allaitement ?

Lorsque j’ai entendu pour la première fois l’expression « position physiologique », j’ai cru que c’était encore un terme compliqué inventé pour nous perdre un peu plus au milieu de nos hormones post-accouchement. En réalité, c’est tout l’inverse.

La position physiologique, qu’on appelle aussi « Biological Nurturing » ou « allaitement instinctif », consiste à installer bébé et maman dans une posture qui respecte la gravité et les réflexes naturels du nouveau-né. En clair : on arrête d’essayer de tout contrôler au millimètre, on se pose, on s’incline en arrière… et on laisse bébé faire une bonne partie du travail.

Dans cette position, c’est souvent maman qui est semi-allongée, le dos bien soutenu, et bébé posé sur elle, ventral contre ventral. Il rampe, cherche le sein, ouvre grand la bouche et s’accroche de lui-même, guidé par ses réflexes archaïques. Notre rôle à nous devient alors surtout d’accompagner et de sécuriser.

Cette façon d’allaiter a de nombreux atouts :

  • elle diminue le risque de crevasses en facilitant une bonne prise du sein ;
  • elle peut soulager les douleurs de dos ou d’épaules ;
  • elle respecte le rythme de bébé et ses compétences innées ;
  • elle est particulièrement adaptée aux premières tétées après la naissance.

Mais comment fait-on concrètement, quand on est fatiguée, un peu perdue, avec ce tout petit être tout neuf dans les bras ? Je te propose un guide pas à pas, comme si nous étions toutes les deux dans ton salon, à ajuster coussins et petits pieds ensemble.

Préparer un cocon confortable pour toi

On parle souvent de la position de bébé, mais tout commence par toi. Une maman crispée, mal installée, qui se tord le cou ou serre la mâchoire, ça se ressent immédiatement sur la tétée.

Avant même de prendre ton bébé, installe-toi correctement :

  • Choisis un endroit où tu peux vraiment t’appuyer : un lit, un canapé avec dossier, un fauteuil inclinable… L’idée est de pouvoir t’incliner en arrière sans glisser.
  • Incline ton buste vers l’arrière (pas complètement allongée, mais pas droite à 90° non plus). Imagine que tu t’installes pour regarder un film, bien calée, plutôt que pour un entretien d’embauche.
  • Place des coussins derrière ton dos, sous tes bras, éventuellement sous tes cuisses pour que tout ton corps soit soutenu. Si tu dois « tenir » la position, ce n’est pas la bonne.
  • Garde les épaules détendues. Si tu sens que tu hausses les épaules vers tes oreilles, rajoute un coussin pour soulager la zone.

Tu peux vérifier un point simple : si quelqu’un retirait ton bébé de tes bras, resterais-tu dans une position agréable ? Si la réponse est oui, tu es sur la bonne voie.

Installer bébé pas à pas sur ton corps

Une fois ton petit trésor dans tes bras, on va le laisser profiter au maximum de ses réflexes. Même les bébés tout petits, voire nés un peu en avance, en ont plus qu’on ne l’imagine.

Voici comment l’installer :

  • Pose bébé sur ton torse, à plat ventre contre toi : son ventre contre ton ventre, sa joue contre ta poitrine, son corps dans l’axe de ta ligne médiane. Pas besoin de viser le sein immédiatement.
  • Sa tête doit être dégagée : évite de la caler dans le creux de ton coude de manière rigide. Laisse-lui la liberté de tourner, d’orienter son nez et sa bouche.
  • Ses pieds doivent appuyer sur quelque chose : ton ventre, ta cuisse, un coussin. Ce point d’appui lui permet de « ramper » vers le sein.
  • Incline un peu ton corps si nécessaire pour que la gravité l’aide à rester bien posé contre toi, plutôt que de glisser vers le côté.
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Tu peux simplement poser une main sur ses fesses ou son dos pour lui donner une sensation de contenance, comme une caresse longue et rassurante.

Parfois, les bébés mettent quelques minutes à s’organiser. Ils tournent la tête, lèvent le menton, ouvrent la bouche, attrapent la peau avec leurs petites mains, poussent avec les pieds… C’est normal. Ça peut paraître un peu désordonné, mais c’est leur manière à eux de chercher le sein.

Reconnaître les signes que bébé est prêt à téter

Dans la position physiologique, on ne « colle » pas forcément le téton directement dans la bouche de bébé. On observe, on attend, on suit ses signaux.

Voici ce que tu peux repérer :

  • Il tourne la tête d’un côté, puis de l’autre, comme s’il cherchait quelque chose.
  • Il ouvre grand la bouche, souvent en levant un peu le menton.
  • Il sort la langue, fait des mouvements de succion.
  • Ses mains montent vers sa bouche ou ta poitrine, il « malaxe » un peu.

Tu peux accompagner délicatement en rapprochant ton sein de sa bouche, mais sans pousser sa tête. Offre-lui la possibilité de venir vers le sein, plutôt que de lui amener le sein « de force ».

Une image qui m’aide beaucoup : laisse ton bébé « accueillir » le sein, comme s’il venait s’y blottir, et non l’inverse.

Comment vérifier que la prise du sein est bonne ?

Une bonne installation en position physiologique favorise une prise du sein efficace… mais un petit check ne fait jamais de mal. Là encore, on essaie de faire simple et rassurant.

Tu peux observer :

  • Bébé a une grande bouche bien ouverte : ses lèvres sont retroussées vers l’extérieur, surtout la lèvre inférieure.
  • Il prend une bonne partie de l’aréole (et pas seulement le téton). L’aréole semble davantage visible au-dessus qu’en dessous de sa bouche.
  • Son menton est bien enfoncé dans ton sein, alors que son nez est dégagé. S’il semble enfoui, tu peux légèrement basculer ses fesses vers toi pour rapprocher davantage son menton.
  • Tu ressens plutôt un tiraillement qu’une douleur vive. Les premières secondes peuvent être sensibles, mais la douleur ne doit pas être continue ni insupportable.
  • Tu entends des déglutitions régulières après quelques mouvements de succion rapides au début.

Si ça pince, brûle, ou si tes orteils se crispent à chaque tétée, ce n’est pas un échec de ta part. C’est simplement un signal que quelque chose peut être ajusté : la position, la prise du sein, parfois un frein de langue… Tu as parfaitement le droit de demander de l’aide.

Adapter la position physiologique selon ton corps (et ton bébé)

Aucune position n’est figée. La position physiologique se décline et s’adapte à ton histoire, à ton accouchement, au tempérament de ton bébé.

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Quelques exemples pour l’ajuster :

  • Après une césarienne : tu peux t’incliner un peu plus, placer bébé plus haut sur ta poitrine pour éviter que son poids ne repose sur ta cicatrice, ou glisser un coussin sur ton bas-ventre.
  • Avec un bébé très petit ou fatigué : accompagne davantage sa tête avec ta main derrière sa nuque (sans appuyer), rapproche doucement ton sein de sa bouche, reste très à l’écoute de ses signaux de fatigue.
  • Avec une forte poitrine : ta main inférieure peut soutenir légèrement ton sein par en-dessous, en évitant de trop le comprimer. Tu peux aussi t’incliner davantage pour que le sein repose plus naturellement vers la bouche de bébé.
  • En cas de reflux : la position inclinée de ton buste et la verticalité relative de bébé peuvent déjà aider. Tu peux le garder quelques instants dans cette même position après la tétée, bien contre toi.

L’essentiel est que tu te sentes soutenue et que bébé soit bien contenue contre toi. Il n’y a pas de « mauvaise » manière si vous êtes tous les deux à l’aise, que la tétée est efficace et que tu n’as pas mal.

Les petits ajustements qui changent tout

Parfois, un tout petit détail peut transformer une tétée compliquée en moment beaucoup plus fluide. Voici quelques pistes à explorer :

  • Joue avec l’inclinaison de ton buste : un peu plus en arrière, ou au contraire légèrement redressée, pour que le poids de bébé tombe différemment.
  • Change la position de ses pieds : s’ils sont dans le vide, il peut se sentir moins stable. Donne-lui un point d’appui ferme.
  • Vérifie que son oreille, son épaule et sa hanche sont alignées : s’il est « tordu », la succion peut être plus difficile.
  • Respire profondément avant et pendant la tétée : notre tension se transmet à nos bébés. Même trois grandes expirations peuvent déjà détendre ton corps.
  • Garde un tissu ou une serviette à proximité : cela peut éviter de devoir bouger en catastrophe pour un petit reflux ou un jet de lait un peu généreux.

Tu peux t’autoriser à « tatonner ». Même après plusieurs enfants, on redécouvre parfois la position qui nous convient, parce que notre corps a changé, parce que ce bébé-là n’a pas les mêmes habitudes que le précédent… et c’est parfaitement normal.

Et la nuit, est-ce que c’est possible ?

On me demande souvent si la position physiologique est compatible avec les tétées nocturnes. La réponse est : oui, mais avec quelques adaptations, et toujours dans le respect de la sécurité de bébé.

Quelques idées :

  • Sur un lit, avec le dossier relevé : tu peux t’asseoir avec le dos bien calé par des coussins, t’incliner en arrière et poser bébé sur toi comme en journée.
  • Éclaire légèrement la pièce au début, le temps de t’installer et de vérifier la prise du sein. Quand tu es plus à l’aise, une veilleuse douce peut suffire.
  • Prévois tout ce dont tu as besoin à portée de main : eau, téléphone (en mode silencieux si possible), coussins… pour éviter d’avoir à te lever ou te contorsionner.

Si tu choisis d’allaiter allongée sur le côté la nuit, tu peux tout à fait garder l’esprit de la position physiologique : bébé ventral contre toi, bien contenu, sa bouche à la hauteur de ton téton, avec un bon alignement de son corps.

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Quand la position physiologique peut vraiment aider

Il y a des moments où cette position peut devenir une véritable alliée :

  • Les toutes premières tétées à la maternité : bébé vient d’arriver, tu es souvent allongée, fatiguée… se laisser aller en semi-allongée avec bébé sur toi peut rendre ce moment plus doux et plus naturel.
  • En cas de crevasses ou de douleurs : en permettant une prise plus profonde et plus instinctive, la position physiologique peut réduire la pression sur le téton.
  • Avec un bébé agité au sein : être peau à peau, ventral contre ventral, inclinée en arrière, peut l’aider à se réguler, à se calmer.
  • Pour stimuler la lactation : plus bébé tète efficacement et sereinement, plus le signal d’augmentation de production est clair pour ton corps.

J’ai encore en mémoire une tétée avec mon propre bébé, après une journée particulièrement éprouvante. Rien n’allait, il s’énervait au sein, je me sentais nulle. J’ai tout arrêté, je me suis allongée en arrière sur le lit, je l’ai posé sur moi en peau à peau… et je n’ai plus rien fait. Au bout de quelques minutes, il a rampé un peu, trouvé le sein et s’est mis à téter calmement. Ce jour-là, j’ai vraiment compris la puissance de cette position.

Demander de l’aide : un acte de force, pas de faiblesse

Si malgré tout cela, l’allaitement reste douloureux ou compliqué, ce n’est pas parce que tu ne fais pas « comme il faut ». C’est souvent que tu as besoin d’être accompagnée, tout simplement.

Tu peux te tourner vers :

  • une consultante en lactation IBCLC ;
  • une sage-femme formée à l’allaitement ;
  • une association de soutien à l’allaitement (réunions de parents, groupes de parole, ligne téléphonique) ;
  • parfois ton médecin ou pédiatre, s’il est sensibilisé à ces questions.

La position physiologique est un outil, parmi d’autres. Elle ne remplace pas un accompagnement personnalisé quand c’est nécessaire. Tu as le droit d’être épaulée, d’avoir quelqu’un qui regarde votre installation, qui observe une tétée complète, qui te montre concrètement quoi ajuster.

Se faire confiance, petit à petit

L’allaitement, et en particulier la position physiologique, nous invitent à quelque chose de parfois déstabilisant : faire confiance à nos bébés… et à nous-mêmes.

Tu ne seras peut-être pas parfaitement à l’aise avec cette position dès le premier jour. Tu oublieras parfois un coussin, tu devras recommencer trois fois, tu te sentiras gauche, tu douteras. Et pourtant, derrière ces essais, quelque chose se tisse : ta façon à toi d’être la maman de ce bébé-là.

La position physiologique n’est pas une règle à suivre, c’est une invitation :

  • à ralentir,
  • à te déposer,
  • à laisser ton bébé révéler ses compétences,
  • à t’écouter, dans ton corps et dans ton cœur.

Si tu en as envie, tu peux, lors d’une prochaine tétée, essayer simplement ceci : t’installer confortablement en arrière, poser ton bébé sur toi, ventre contre ventre, et observer. Sans chercher la perfection, sans « performance » à réaliser. Juste vous deux, ensemble, dans ce moment suspendu.

Et si tu le souhaites, je serai là, par l’écrit, pour continuer à t’accompagner dans cette merveilleuse, parfois déroutante, aventure de l’allaitement.